13/03/2019 // Ma saga sibérienne est arrivée à son terme !
C’est dans l’avion qui me ramène à Moscou que j’écris ce dernier épisode. Ensuite, je vais prendre un vol pour Munich, puis direction Sella Nevea, en Italie.
Dimanche, nous sommes sortis du village des athlètes pour visiter le parc des Universiades, en fait une exposition sur l’histoire de la manifestation. Comme nous portions les habits officiels de la délégation, les gens nous demandaient des autographes, nous prenaient en photo, nous interviewaient. Nous nous sentions un peu des stars... En passant un grand pont sur le fleuve de Krasnoïarsk, on arrivait sur une île où étaient exposées des sculptures sur glace, dont certaines assez incroyables. Nous avons même joué au curling sur une partie gelée du fleuve.
Lundi, jour du slalom. J’ai eu de la peine à entrer dans ma première manche; même si le bas s’est relativement bien passé, j’étais assez loin au final. Je voulais refaire la même chose lors de la seconde manche mais en prenant un tout petit peu plus de risques. Mon résultat ne m’a pas trop attristé car je m’y attendais, j’étais vraiment très fatigué. Heureusement que nous avons commencé par les compétitions les plus importantes pour moi: j’étais si fatigué que j’ai dormi entre les deux manches…
Après le slalom, je suis allé au ski-cross, voir nos deux représentants gagner la petite finale. Chez les filles, Nina avait couru en ski alpin mais comme nous n’avions pas de représentante dans la discipline, on lui a proposé de s’aligner. Ce qu’elle a fait, en terminant 5e! En début de soirée, j’ai assisté à un concert de John Newman, puis à une demi-finale de hockey sur glace. Le Kazakhstan ayant passé un 7-0 à la Suisse, j’étais assez content qu’il se fasse battre 4-0 par la Slovaquie. Mais le match était extrêmement dur, beaucoup plus de checks et de bagarres qu’en Suisse, un vrai combat physique. Après une courte nuit, je me suis levé vers 6h00 afin de prendre le bus pour l’aéroport.

Je voudrais encore revenir en quelques mots sur la dizaine de jours que j’ai passés en Sibérie. Tout d’abord, j’ai vraiment adoré cet événement, je donnerais cher pour y reparticiper. C’était vraiment génial et je ne regrette pas du tout d’avoir manqué quelques courses en Suisse et en Europe. J’ai énormément appris sur le plan humain et fait beaucoup de rencontres.
J’ai aussi été beaucoup touché par l’esprit d’équipe: on se bat en fait pour la Suisse et pas seulement pour soi. Nous les alpins, nous n’avons pas l’habitude d’être sur les mêmes courses que les filles, de voir les athlètes des autres sports, d’être entourés par un staff important. Là, on soupait tous ensemble et le lendemain, chacun allait à sa compétition. Mais dès qu’on le pouvait, on allait assister à d’autres disciplines.
Aux Universiades, tout est fait pour que les athlètes se sentent à l’aise. Mais il y a l’envers du décor. Les habitants de Krasnoïarsk ne sont pas très contents car une fois la manifestation terminée, il ne leur restera pas grand-chose. J’ai eu l’impression que les organisateurs disposaient d’un budget énorme pour montrer au monde qu’ils sont capables de mettre sur pied un événement gigantesque, alors que nous avons traversé des quartiers où règne la misère. En dehors des lieux où nous étions invités, je n’ai en fait pas vu d’endroit cossu. Par ailleurs, j’ai trouvé la sécurité trop présente, avec les fouilles, les scans, des caméras partout; j’avais la sensation d’être surveillé sans relâche, ce qui ne m’a pas plu. Autre point négatif, la pollution, avec les bus qui n’arrêtaient jamais leur moteur, beaucoup de bouteilles en plastique, la neige amenée par camions. Il faut savoir que toutes les usines de la ville ont été stoppées deux semaines avant les Universiades, pour que le ciel toujours gris de Krasnoïarsk puisse être un peu dégagé. Ce que nous avons vu ne correspond donc pas vraiment à la réalité de la Russie.
Comme nous étions logés dans l’université de Sibérie, les étudiants avaient congé. Et pas mal d’entre eux se sont impliqués en tant que bénévoles. Du coup, tous ceux qui parlaient anglais étaient hyper heureux de communiquer avec nous. Aux Universiades, la tradition veut que tout le monde s’échange des pin’s aux couleurs de chaque nation, ce qui encourage les contacts. Le plaisir éprouvé par ces étudiants contrastait avec la morosité des gens que j’ai croisés en ville.
Une dernière réflexion, sur le plan sportif cette fois. Dans le but d’écraser les autres nations, la Russie a aligné ses meilleurs athlètes, ce qui lui a valu un nombre de médailles affolant, quelque chose comme 80. Alors que la Suisse, avec ses 7 médailles et sa 5e place au classement, estime avoir réalisé de bonnes Universiades. Quelques exemples: les Russes ont trusté les six premières places en ski de fond, les 5 premières en biathlon. Par ailleurs, difficile de savoir si leurs athlètes sont vraiment étudiants: les skieurs alpins sont inscrits à la filière «ski alpin», comme s’ils étudiaient leur discipline… Enfin, on a eu vent de pas mal de petites histoires, de petits arrangements qui ont fait la différence. C’était le côté un peu plus sombre. Dommage! Certes, je ne peux juger que pour mon sport, mais je trouve que la Russie a décroché beaucoup de médailles par rapport au niveau qui est le sien en réalité.
