Arnaud Boisset

11/03/2024 // Je veux finir la saison en beauté !

En y repensant, les résultats que j’ai obtenus mi-février à Kvitfjell sont extrêmement positifs. J’ai tout d’abord réussi un top 30 en descente, sur l’une des pistes de Coupe du monde qui m’avantagent le moins. Ce qui signifie que je commence gentiment à rivaliser avec les 30 meilleurs du monde, quelles que soient les conditions. Ensuite, j’ai décroché le 8e rang en super-G ; je suis très bien parti, avec de très bonnes sections mais j’ai malheureusement commis une faute au milieu. Toutefois, quand on termine à 15 centièmes du podium et à 34 du vainqueur, il est impossible d’être déçu ! Je n’ai jamais été aussi proche de la victoire, c’est très encourageant pour la suite.

Une fois rentrés en Suisse, nous avons passé deux semaines compliquées car les conditions ne nous permettaient pas de nous entraîner : un jour il faisait trop chaud, le lendemain il y avait des précipitations, puis du vent, etc. J’ai également fonctionné comme ouvreur pour des courses FIS aux Diablerets afin de refaire un petit peu de géant. Et la semaine dernière, j’ai pris le départ du super-G de Coupe d’Europe à Verbier, où les choses se sont bien passées pour moi puisque j’ai remporté l’épreuve. Tout compte fait, c’était une bonne chose de se remettre en mode course.

Pendant cette période, j’ai également connu un petit peu le revers de la médaille. Étant donné que j’arrive au bout de ma saison, j’ai accordé un peu plus d’importance aux sollicitations des médias et aux contreparties que je dois à mes sponsors. Contractuellement, il me faut par exemple leur consacrer certaines journées, ce que j’ai pris le temps de faire alors que je programme habituellement cette activité en fin de saison.

Cette semaine, nous allons avoir un gros bloc d’entraînement à St. Moritz pour préparer au mieux les finales de Saalbach, le super-G en ce qui me concerne. Je prends cette course très au sérieux car j’entends bien finir dans le top 15 mondial. Actuellement, je suis 13e, mais il me faut marquer encore quelques points pour assurer mon classement.

Une victoire à domicile ou presque, c’est toujours spécial

29/01/2024 // Week-end de folie à Garmisch

Je suis vraiment très content de ce week-end, qui peut être considéré comme le week-end de la confirmation. Après Kitzbühel, il y avait en effet pas mal d’exposition, mais j’ai réussi à garder mes objectifs en point de mire et à rester concentré sur mon ski.

À Garmisch, mes résultats m’ont un peu surpris, d’autant que le premier jour, les conditions ne m’avantagaient pas ; avec une neige salée, un petit peu molle, alliée à un gros dossard, c’était compliqué, mais cela ne m’a toutefois pas empêché de réaliser une super course. Le deuxième jour, les conditions me convenaient mieux, mais il fallait vraiment changer la façon de skier, prendre beaucoup plus de risques, alors que la veille, il s’agissait plutôt d’être en contrôle. Je suis super content d’avoir réussi à gérer ça. Franchement, que souhaiter de mieux qu’une 7e place en Coupe du monde ?

Reste que cela me donne quelques idées pour la suite, j’ai envie de taper encore plus fort. En effet, je figure dans le top 20 du classement général du super-G, et j’ai marqué 140 points en cumulé en super-G et en descente. C’est juste énorme quand on pense que mon objectif cette saison était de marquer quelques points en Coupe du monde…

En ce moment, j’essaie de savourer. Grâce à l’annulation de Chamonix, je vais aussi avoir quelques jours de pause, qui me permettront de recharger les batteries et de répondre aux différentes sollicitations.

22/01/2024 // Finir 9e et 20e en descente à Kitzbühel, c’est énorme !

Pour participer aux descentes de Kitzbühel, je devais passer par les qualifs. Autrement dit, le deuxième entraînement était pour moi déjà une course. Mission accomplie, avec un 15e rang final. Mais c’est clair que sur la Streif, beaucoup bluffent à l’entraînement en ne skiant pas tous les secteurs à fond, alors que je devais moi être en mode course. Il me semblait toutefois disposer d’une belle marge d’amélioration sur la partie médiane, la plus facile.

Lors de la descente de vendredi, j’ai réalisé un bon haut mais je me suis fait arrêter sur le plat par le drapeau jaune. Il m’a donc fallu remonter en hélico jusqu’au départ, ce qui a pris pas mal de temps. Il y avait à ce moment-là deux solutions : soit se frustrer, s’énerver et louper le deuxième run ; soit le prendre un peu à la rigolade en se disant que c’était sympa de faire un petit tour en hélicoptère. J’ai plutôt opté pour la seconde, en demandant simplement au départ si j’avais été rapide afin de changer éventuellement de plan. Comme on m’a dit que mon premier passage était bien, j’ai décidé de refaire la même chose. Mais je connaissais la neige, j’avais vu comment elle réagissait, et il y avait du potentiel. Je me suis donc élancé à fond, en prenant beaucoup de risques. Après un bon haut, j’ai senti les skis coller sur le chemin car il neigeait assez fort. Je me suis dit : bon, c’est pas grave, les conditions ne sont pas en ta faveur, mais fais quand même une bonne fin de course. Ensuite, j’ai pris pas mal de risque avant le Hausberg et réalisé une bonne traverse.

Même si on n’était que vendredi et que la course se terminait, le public était resté en nombre. D’ailleurs, je n’avais encore jamais vu autant de monde. À Kitzbühel, on franchit la ligne à près de 150 km/h, l’aire d’arrivée est donc énorme. À peine ma course terminée, j’ai aperçu le panneau d’affichage tout au loin, sur lequel un seul chiffre s’affichait... Ce qui m’a mis, je l’avoue, un peu dans état de transe, en raison du public mais aussi de la nervosité due à mes deux départs, si bien que je me suis un peu lâché. En fait, je ne me suis pas rendu compte de ce que j’avais réalisé avant de parler avec les médias, les coaches, les autres athlètes venus me féliciter. Quand Cyprien Sarrazin te dit : « Tu m’as fait trembler », ce n’est pas rien. Bref, c’était une expérience géniale.

Cette journée m’a certes coûté pas mal d’énergie, au niveau émotionnel, mental et physique, car il fallait encore se repréparer pour la course du lendemain. Et là, pas de hasard : à Kitzbühel, il faut être à 100%. Heureusement, j’ai quand même réussi à bien dormir.

Samedi, tout le monde a eu le soleil, la visibilité était donc un peu meilleure. Par contre, la piste était bien plus glacée suite à la baisse des températures, une vraie patinoire. J’ai essayé de prendre le départ dans le même état d’esprit que la veille. Comme la piste était plus difficile à skier, cela relevait plus du combat, j’ai moins réussi à tenir les lignes que j’avais prévues, mais il en allait de même pour tout le monde. En fin de compte, j’étais content de franchir la ligne, car c’était très très dur physiquement de descendre trois fois la Streif en une semaine en mode course – et même de skier 5 fois le Steilhang. Je me suis classé 20e, à trois dixièmes du 11e, dans une course super serrée, et je vois de la marge dans ma manche. Je suis fier de moi, super content de ce week-end qui me permet de bien me replacer au classement de la descente alors que j’ai toujours estimé essentiel d’avoir une seconde discipline.

Autre avantage découlant de ces bons résultats, je n’ai plus à passer par la case Coupe d’Europe cette semaine et j’ai maintenant trois jours de repos devant moi, qui vont me faire énormément de bien. Je ne cache pas qu’après avoir enchaîné Bormio, Wengen et Kitzbühel, je suis limite. Ensuite, il s’agira de bien préparer le week-end de Garmisch, qui est tellement important pour moi avec ses 2 super-G au programme. Suivra Chamonix, où j’espère ne plus avoir besoin de passer par les qualifications internes. Mais rien n’a encore été décidé à cet égard.

Lors de la descente de Val Gardena

15/01/2024 // Retour sur mon 12 janvier

Vendredi, il s’agissait en fait du premier super-G de Coupe du monde que je disputais en Suisse. Mon fan’s club avait prévu de se déplacer depuis le Valais avec trois cars, autrement dit 150 personnes étaient venues à Wengen pour me voir moi. Inutile de dire que j’avais à cœur de bien faire... D’autant que c’est certainement la piste de Coupe du monde que j’ai le plus pratiquée car j’y ai souvent couru en Coupe d’Europe.

Les jours précédents, on avait skié deux fois la piste pour les entraînements de descente. J’avais éprouvé pas mal de difficultés dans le fameux Brüggli-S, ce qui m’avait fait perdre beaucoup de vitesse. Pour le super-G, j’avais donc décidé de prendre un peu de marge. En effet, dans une courbe de ce genre, on peut perdre la course mais pas la gagner. J’étais par conséquent d’accord de laisser filer quelques dixièmes pour assurer le coup. Quant au reste du parcours, il était tracé assez direct, même si la piste de Wengen n’offre pas beaucoup de solutions alternatives. Au passage, les super-G de Coupe du monde sont à mon avis très similaires aux descentes de Coupe d’Europe : ils sont tracés avec beaucoup de distance et comportent peu de courbes.

Comme la forme est là et que mon ski fonctionne plutôt bien en super-G, je tenais à capitaliser sur ces atouts. À Bormio, où j’avais terminé 28e, j’avais commis beaucoup de fautes ; lors de l’analyse, je m’étais rendu compte de mon potentiel. Je me devais donc de réaliser une manche un petit peu plus propre, tout en attaquant.

J’ai commencé par un bon départ, ce qui est hyper important à Wengen puisqu’il faut effectuer quelques pas de patineur avant d’attaquer deux virages assez serrés. Ensuite, j’ai réalisé un bon saut sur la Tête de chien. À la Minsch-Kante, j’ai skié assez direct mais ça a passé, avec pas mal de vitesse en sortie de virage. Comme planifié, j’ai un peu assuré le Brüggli-S, en respectant la ligne que je m’étais fixée. Sur toute la partie plane, je me suis fait le plus petit possible. Enfin, sur le bas, j’ai essayé de ne pas faire trop de chemin, d’être à l’heure là où il le faut, de rester calme avec le haut du corps, aussi compact que possible. Dans le Ziel-S, j’ai réussi à tenir la ligne que j’avais choisie ; j’ai d’ailleurs réalisé un bon inter sur le bas, le 10e je crois. En passant la dernière porte, j’étais heureux d’avoir bien exécuté mon plan, je me suis même dit que mon temps devait être pas mal. Finalement, dans l’aire d’arrivée, j’ai vu s’afficher le chiffre 14. Trop bien ! Mon premier top 15 en Coupe du monde ! J’étais hyper content de ma course, mais réaliser un tel résultat devant le public suisse, cela a décuplé mes émotions…

En début de saison, je n’imaginais pas pouvoir décrocher un résultat aussi fou. Toutefois, je n’ai pas l’impression d’avoir volé mon classement : je pense être à ma place car j’ai fait mon ski et suivi à la lettre le plan prévu, même si je n’ai pas réalisé la manche de ma vie. Et pouvoir partager ces moments avec mon fan’s club, ce sont des émotions de folie, je n’ai pas les mots pour les décrire. J’espère juste qu’elles vont se répéter.

Cette semaine, direction Kitzbühel, où je vais devoir passer par les qualifications pour tenter de disputer les deux descentes qui sont au programme. Mais c’est clairement sur le dernier week-end de janvier que je vais mettre le focus, pour les deux super-G de Garmisch. À l’heure actuelle, trois super-G ont été disputés ; il en reste trois, avec Kvitfjell, avant les finales à Saalbach. Ce week-end-là sera donc très important pour moi car on pourra déjà tirer un premier bilan de la saison et disposer d’une tendance quant à mon classement final en Coupe du monde.

Un saut de 34 m à la Tête de chien © RTS

Petit portrait
Arnaud Boisset

Né le 08/05/98, 185 cm, 85 kg

Ski-club: Bagnes

Groupe d'entraînement: WC Elite Speed

Entraîneur: Vitus Lüönd

Ecole: Bachelor of Science in Economics

Meilleures perfs en carrière: 1er du classement du super-G de la Coupe d'Europe 2023 - 3e du classement général de la Coupe d'Europe 2023 - vice-champion suisse de descente - 2 victoires en Coupe d'Europe - 7 podiums en Coupe d'Europe

Classement mondial au 1.09.2023: 27e en super-G / 77e en descente

Objectifs pour la saison 2023/24: terminer dans le top 30 en Coupe du monde